Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
IGNare Online
23 janvier 2008

Janvier 2008

Question à mille euros : quelle est la destination touristique préférée des habitants de Sofia ?  Vous ne savez pas ? La réponse est pourtant simple, puisqu’il s’agit d’Athènes, cité éternelle dont la richesse de l’histoire transpire de l’architecture de chaque bâtiment. Mais si les Bulgares se déplacent en masse vers la capitale grecque, ce n’est pas pour l’Acropole, le Parthénon ou encore le Stade Olympique, mais pour aller faire leurs courses à l’Ikea du coin. Drôle d’idée tout de même… En effet, devant l’obstination de la firme suédoise à ne pas s’installer à Sofia, les consommateurs n’hésitent plus à parcourir les sept cent kilomètres qui séparent les deux villes juste pour avoir leur dose de mobilier à prix réduit. Voilà une des conséquences pour le moins inattendues de l’ouverture des frontière entre pays européens. Le symbole est marquant pour Ikea, l’un des fers de lance de cette société de consommation à outrance voulue par la toute-puissance de l’économie de marché, peut-être l’entreprise qui a le plus profité de la magie de la mondialisation ces dernières années. Le principe a été testé et maintes fois approuvé : on y va pour acheter une table, on ressort avec une armoire, deux tapis, quelques luminaires, un ensemble de chaises … et pas de table. Vous savez sûrement de quoi je parle. Une incitation à la surconsommation et au matérialisme que nous acceptons tous avec allégresse, et qui nous fait posséder des dizaines de choses dont nous n’avons strictement aucune utilité. Sans tomber dans une idéologie fortement inspirée du Fight Club, on est en droit et même en devoir de se poser quelques questions sur les conséquences d'une telle évolution. J’entends déjà certains m’accuser de cracher dans la soupe, car après tout chacun s’y retrouve dans cette histoire : Ikea accroît son chiffre d’affaires, les Bulgares ont les meubles qu’ils convoitent, et Athènes voit ses revenus touristiques augmenter. Mieux que ça, des emplois sont même créés puisque des petits malins ont flairé le bon filon et ont mis en place des navettes Sofia-Athènes spécialement conçues pour aller faire ses courses à Ikea, leur affaire rencontrant un succès florissant. En voilà qui ont compris comment profiter des petites entreprises. Pour un flirt avec la crise…. Le bilan est donc au final plus que positif : la consommation est relancée, le chômage baisse, le moral des ménages s’améliore ; que demande le peuple ? Tous les indicateurs chers à nos politiques sont au vert, c’est bien la preuve que l’ouverture des marchés ça marche ! Pourtant quelque chose me chiffonne… Comme l’impression fugace mais persistante qu’en détournant de la sorte toutes les règles de la concurrence, on est en train de scier la branche du sacro-saint capitalisme sur laquelle nous sommes assis. Comme le sentiment tenace qu’à force de s’affranchir de toutes les conventions sous prétexte de libéralisme, on se dirige tout droit vers l’anarchie économique la plus totale. Et comme la certitude que le jour où tout ça va nous péter à la gueule, ça risque de faire bien plus que de simples dégâts collatéraux.

Don Diego de la Serna

Publicité
Commentaires
IGNare Online
Publicité
Archives
Publicité